Compléments alimentaires : restez prudents !

L'achat d'un complément alimentaire est complètement libre comme n'importe quel aliment.  Cependant sa consommation n'est pas tout à fait anodine et peut entrainer des effets indésirables.

Les nouvelles habitudes de consommation et de prise en charge de sa santé par les français ont entraîné une diversification de l’offre alimentaire. Parmi ces nouvelles offres comme les boissons énergisantes ou les aliments enrichis, les compléments alimentaires envahissent les étals des pharmacies, para-pharmacies et des grandes surfaces. En France, selon l’étude INCA 3 (étude Individuelle Nationale des Consommations Alimentaires 3) près d'un adulte sur quatre a consommé des compléments alimentaires au moins une fois dans l'année

Le marché des compléments alimentaires en quelques chiffres (Synadiet) :

  • Un secteur dont le chiffre d’affaires global s’élève à 1,8 Md€
  • 10 millions de consommateurs en France
  • Une croissance moyenne de 4 à 6 % par an depuis 3 ans
  • 52 % des produits vendus en pharmacie, 48 % dans la distribution classique
  • 16 000 emplois directs et indirects créés sur le sol français dont 8 000 dépendent des compléments alimentaires à base de plantes
  • Un secteur composé à 95 % de PME
  • 90 % des acheteurs se déclarent satisfaits de leur consommation de compléments alimentaires
  • Un achat motivé dans 41% des cas par un médecin, et dans 12 % des cas par un pharmacien

Qu’est-ce qu’un complément alimentaire ?

D’après l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), on entend par compléments alimentaires : « les denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés. ».

Ils sont commercialisés (en grandes surfaces, pharmacies, magasins spécialisés ou sur internet) sous forme de doses, telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité (décret n° 2006-352 du 20 mars 2006 modifié relatif aux compléments alimentaires - article 2, directive 2002/46/CE modifiée).

Ils font l'objet de déclarations auprès de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui examine leur composition et réalise des contrôles à l'instar des autres catégories de denrées alimentaires.

A qui s’adressent les compléments alimentaires ?

L’achat de compléments alimentaires est complètement libre au même titre que n’importe quel aliment. Sauf exception, un complément alimentaire ne peut pas revendiquer d’effets thérapeutiques. Sinon, au lieu d’être classé parmi les produits alimentaires, il serait considéré comme un médicament et réglementé comme tel.

Par contre ce n’est pas un aliment dont la consommation est sans risque. En effet sans surveillance par des professionnels de santé, il peut exister des risques de dépassement des limites de sécurité de la quantité absorbée en vitamines ou minéraux.

Les déficits et carences sont très rares dans la population générale française : une alimentation équilibrée permet d’apporter les nutriments nécessaires pour couvrir les besoins. Or, en ajoutant la consommation de compléments alimentaires alors que les besoins ne sont pas avérés, la personne peut prendre un risque pour sa santé. Toutefois, un professionnel de santé peut être amené à conseiller de compléter une alimentation par des compléments alimentaires pour certains groupes de population (personnes malades dénutries, femmes enceintes…).

Quelle est la sécurité associée à la consommation de ces produits ?

La sécurité sanitaire de ces produits est largement contrôlée et ils sont soumis au respect d’une réglementation adaptée. Cependant comme toute substance ingérée, ils sont susceptibles de contenir des composés pouvant entraîner des effets indésirables.

Dans le cadre de ses missions de vigilance, l’ANSES a mis en place un dispositif de nutrivigilance. Ce système de veille sanitaire a la mission de recueillir et d’analyser d’éventuels effets indésirables liés à la consommation des compléments alimentaires, des nouveaux aliments, d’aliments et boissons enrichis et de denrées destinées à des populations spécifiques. Ce dispositif unique en Europe a été mis en place en 2009.

L’effet indésirable lié à une denrée alimentaire est une réaction nocive se produisant dans les conditions normales d’emploi chez l’Homme ou résultant d’un mésusage pouvant conduire à l’apparition de symptômes (crampes d’estomac, diarrhées, maux de tête, éruption cutanée…) plus ou moins grave allant de la simple gêne à une réaction pouvant conduire à des soins.

En 2018, le dispositif de nutrivigilance a recensé 1 025 cas d’effet indésirables. Les produits majoritairement déclarés sont les compléments alimentaires, représentant 94,3 % des cas analysables. Parmi le large éventail de compléments alimentaires disponibles, ceux présentant des allégations « sommeil » sont impliqués dans 41 % des cas recevables et les compléments « minceur » dans 6,8 % des cas.

En ce qui concerne les effets indésirables rapportés au dispositif de nutrivigilance concernant les compléments alimentaires, la majorité des effets indésirables déclarés sont d’ordre gastro-entérologique (37,5 %), général comme par exemple des céphalées ou des nausées (31,5 %) et cardio-vasculaires (11 %).

Résultats des travaux d’enquête réalisés sur certains compléments alimentaires :

Ainsi, des avis scientifiques spécifiques ont été rendus par l’Agence sur certaines catégories de produits alimentaires ayant fait l’objet d’une évaluation des risques sanitaires.

Par exemple, des études ont été menées sur la consommation et les risques associés des compléments alimentaires destinés aux sportifs (publiée en décembre 2016) et ceux consommées par les femmes enceintes (publié en mai 2017).

Egalement, des avis téléchargeables gratuitement sur le site de l’ANSES ont été publiés sur les compléments alimentaires contenant par exemple de la mélatonine, de la spiruline, de la levure de riz rouge.

L’ANSES recommande aux consommateurs :

  • D’éviter des prises prolongées, répétées ou multiples au cours de l’année sans demander conseil à un professionnel de santé ;
  • De respecter scrupuleusement les conditions d’emploi fixées par le fabricant, responsable de la sécurité des produits qu’il commercialise ;
  • De signaler à un professionnel de santé tout effet indésirable survenant suite à la consommation d’un complément alimentaire ;
  • De privilégier les circuits d’approvisionnement contrôlés par les pouvoirs publics.

Pourquoi les compléments alimentaires ne sont pas remboursés par l’Assurance Maladie ?

Pour être remboursé par l’Assurance Maladie, un produit doit avoir le statut de médicament et avoir prouvé son efficacité contre une ou plusieurs pathologies. Son remboursement n’est effectif que lorsqu’il est prescrit dans le cadre de ces pathologies.

Un complément alimentaire n’est pas un médicament ; il n’entre donc pas dans la catégorie des produits qui peuvent être proposés au remboursement par l’Assurance Maladie.

En conclusion :

Les compléments alimentaires semblent des produits anodins et sans danger. En effet, en vente libre, associés à des actions de promotion commerciale, utilisant un langage semi-médical : « peut vous aider à perdre du poids », « pour avoir des cheveux sains et brillants », « pour lutter contre la fatigue », le consommateur peut les associer à des produits sans danger.

Bien que contrôlé d’un point de vue sanitaire, une consommation non encadrée par un professionnel de santé peut s’avérer dangereuse, à la fois en entrainant des effets indésirables ou en modifiant des équilibres en vitamines ou minéraux en cas de consommation excessive.

 

 

Pour aller plus loin :

ANSES : Que sont les compléments alimentaires ?

Ameli.fr : https://www.ameli.fr/assure/sante/medicaments/complements-alimentaires/complements-alimentaires 

Sante.fr : https://sante.fr/les-complements-alimentaires#q=recherche/info&text=compl%C3%A9ments%20alimentaires&nid=135501

 

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