La pollution atmosphérique à l’origine du cancer du poumon ?

Thomas Kassab

Conçu avec

Jean-Michel Chabot, médecin et Professeur de santé publique.

De 2010 à 2017, il a été conseiller médical de la Présidence de la HAS et membre de la Commission nationale des études de santé (CNES). De 2002 à 2004, il avait été conseiller au cabinet du ministre de la Santé Jean-François Mattéi après avoir été secrétaire de la conférence des Doyens de médecine de 1998 à 2002. Actuellement, il poursuit son activité aux comités de rédaction de la Revue du Praticien et du Concours Pluripro.

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L’actualité à retenir

Dans le numéro d’avril 2023 de la revue Nature – sans doute la revue internationale de recherche médicale la plus renommée – une impressionnante équipe de chercheurs issus d’une dizaine de pays (des Etats-Unis à la Chine, en passant par la Suède) vient de publier les résultats d’une étude[1] tendant à démontrer une relation causale entre une exposition à des polluants présents dans l’air inspiré et le déclenchement des adénomes (cancers) du poumon.

Les auteurs commencent par rappeler une hypothèse formulée dès 1947 selon laquelle le processus de cancérogenèse pourrait se dérouler en deux étapes, initialement une mutation sur cellules saines, puis dans un second temps, de délai variable, un déclenchement du processus cancéreux.

En aval de cette référence quasi « historique» les auteurs avancent l’hypothèse que les particules fines (c’est-à-dire inférieures à 2,5 microns) présentes dans l’air ambiant, et dont il est bien connu qu’elles constituent un facteur de risque d’adénocarcinome du poumon, pourraient jouer ce rôle de déclencheur du processus cancéreux.

Pour cela, ils se sont focalisés sur des patients porteurs d’une mutation (EGFR) bien connue pour être fréquemment présente chez des sujets non-fumeurs, mais atteints d’un cancer du poumon… et chez ces patients, les chercheurs ont mis en évidence une association significative entre l’exposition antérieure aux particules fines et le cancer du poumon. Si les résultats de cette étude venaient à être confirmés, cela constituerait un puissant motif de mise en œuvre de politiques publiques afin de mieux contrôler la pollution de l’air ambiant.

 

Notre conseil

Soyez le plus attentif possible aux degrés de pollution de l’air et adhérez aux messages de prudence ou d’alerte qui sont diffusés sur la qualité de l’air (surtout si vous vous trouvez en milieu urbain). Messages qui pour l’essentiel, recommandent d’éviter de rester à l’extérieur quand les indices de pollution sont élevés (souvent en période « anti-cyclonique » hiver comme été).

Des sites dédiés aux informations météorologiques, ou, plus spécifiquement à la qualité de l’air comme ATMO-France ou bien AIR Parif en Ile de France diffusent régulièrement des données utiles et pertinentes ; de leur côté, Santé publique France ou bien le ministère chargé de l’Ecologie axent essentiellement leur communication sur les conséquences néfastes de la pollution aérienne.

 

  En pratique

Respirer de l’air pollué par des particules fines expose particulièrement à provoquer ou aggraver un asthme, des troubles cardiaques mais aussi les femmes enceintes et les nouveaux-nés de faible poids de naissance… et bien sûr à l’adénocarcinome du poumon.

Les particules fines se retrouvent aussi bien à l’extérieur que dans nos intérieurs.

  • A l’extérieur : gaz d’échappements de moteurs bien sûr, mais aussi feux de bois et fumées de produits pétroliers ; tout cela majoré par des conditions climatiques où les masses d’air stagnent (conditions anticyclonique et absence de vent).
     
  • A l’intérieur : fumée de tabac bien sûr, mais aussi huile de cuisson, bougies ou poêle à pétrole ou bois, par exemple.

 

Source :

[1] Hill W, et al. Lung adenocardinoma promotion by air polluants. Nature 2023.

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