Les thérapies digitales décryptées par notre expert

Erwan Médy

Erwan Médy

Erwan Médy est Responsable de programme Stratégie Digitale pour le Groupe VYV.
Il a travaillé 10 ans dans le conseil en stratégie pour l’industrie pharmaceutique sur des questions de fusion acquisition et de market access stratégique mais aussi de repositionnement serviciel lié aux évolutions du monde de la santé par les opportunités digitale. Pour le Groupe VYV, il accompagne les réflexions sur la digitalisation du monde de la santé et de l’assurance santé : algorithmie et valorisation de la donnée, plateformisation des business models, éthique du numérique.

Les thérapies digitales : C’est quoi ?

Les thérapies digitales, encore appelées les DTx, sont un concept à la croisée des mondes du numérique et du thérapeutique. Elles relèvent des opportunités que constituent les technologies digitales au service de la santé pour prévenir, gérer ou traiter une problématique médicale ou une pathologie.

Pour autant, il convient de bien les qualifier car elles constituent un champ particulier, plus restreint que celui de la santé numérique ou de la e-santé. Ces thérapies sont utilisées indépendamment ou en lien avec des médicaments, des appareils ou d’autres thérapies. On peut donc classer les thérapies digitales en deux grandes catégories :

  • les thérapies ayant pour vocation de remplacer un médicament ;
  • les thérapies complémentaires d’un traitement médicamenteux

Quel périmètre couvre les thérapies digitales ?

Les thérapies digitales sont avant tout, et comme leur nom l’indique, des thérapies. De ce fait, le niveau d’exigence dans la conception de ces thérapies est le même que pour les traitements médicamenteux. Ainsi, elles doivent faire l’objet d’études cliniques rigoureuses et suivre un processus d’évaluation clinique et / ou médico-économique très encadré avant d’être autorisée à être mises sur le marché.

Toutes les applications de santé ne sont donc pas des thérapies digitales. Celles, le plus souvent orientées vers le bien-être, relèvent d’une vision holistique de la santé, mais ne sont pas un moyen de traitement reconnu comme tel. Par ailleurs, il importe de les distinguer des technologies au service de l’augmentation de la médecine telles que les algorithmes de reconnaissances de tumeurs, la télémédecine, etc.

En rentrant dans le cadre fixé par les autorités de santé comme la Haute Autorité de Santé, les thérapies digitales trouvent ainsi leurs places dans les protocoles de soins au même titre que les thérapies chimiques, biologiques, se substituant à elle, ou les rendant plus efficaces.

Quelques illustrations pour bien comprendre les thérapies digitales

Le recours aux thérapies digitales est varié. Le plus souvent, elles sont utilisées en complément d’un traitement médicamenteux pour mieux gérer les effets secondaires, améliorer l’observance ou encore la posologie de ce dernier. On les retrouve ainsi principalement dans la prise en charge du diabète, de l’obésité, des maladies cardiovasculaires, des maladies du système nerveux central, des maladies respiratoires, du sevrage tabagique ou encore des troubles gastro-intestinaux.

Mais elles peuvent aussi avoir une finalité thérapeutique intrinsèque comme les programmes de réalité virtuelle soulageant la douleur ou des solutions vidéoludiques traitant des troubles neurologiques ou comportementaux.

Cette émergence des thérapies digitales s’explique par la nécessité croissante de contrôler les coûts des soins de santé, la propagation de plus en plus importante des maladies chroniques et le besoin de mettre rapidement sur le marché de nouvelles solutions thérapeutiques.

De ce fait, leur développement nécessite des compétences pointues et savamment orchestrées entre experts des pathologies concernées, de l’adoption et de la modification comportementale, et des différentes facettes composant le numérique : algorithmie, systèmes d’information, éthique etc. La maturité de l’évaluation clinique reste encore à améliorer, la complexité des indications considérées étant souvent multifactorielle.

Enjeux

Les thérapies digitales n’ont pas vocation à remplacer les traitements médicamenteux existants mais plutôt à proposer des alternatives, de nouvelles approches du soin. Il s’agit d’un important marché, estimé à 30 milliards de dollars par an selon l’étude Juniper 1– ce qui doit être mesuré à l’aune des marchés des thérapies biologiques, ou biothérapies 10 fois plus important. La question de leur financement est déterminante. Une fois la valeur médicale démontrée, comment doivent-t-elles s’intégrer dans un parcours de soins ? Quelle prescription ? Quelle prise en charge par les systèmes d’assurance santé ?

Leur émergence rapide dans un écosystème évoluant rapidement (géants du numériques, industries pharmaceutiques, startups, industries de l’assurance) rend leur structuration compliquée, entre expérimentations de terrain et volonté d’encadrement institutionnel par la réglementation.

Conclusion

Comme souvent dans les concepts mêlant santé et numérique, la question du modèle économique est clef. Les thérapies digitales sont pleines de promesses mais les usages nouveaux doivent être à la fois mesurés et appréhendés par l’ensemble des acteurs : professionnels de santé, patients et institutions. Abonnement à un service, associations avec des dispositifs médicaux ou des médicaments, la clef des thérapies digitales reste principalement l’évaluation scientifique de leur concept, au même titre que la médecine fondée sur les preuves et les données.

Source

1. Are digital therapeutics poison or tonic for drug companies ? Juniper Research, Mai 2019 .

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