Mal de dos, aux épaules, douleurs aux articulations…. comment agir ?

... Par Docteur Thomas Kassab

Thomas Kassab en photo

Notre Expert
Thomas Kassab est docteur en pharmacie, spécialiste en éducation thérapeutique et formateur médical. Après une thèse en oncologie, il se spécialise en virologie et en phytothérapie-aromathérapie. Il prodigue ses conseils à ses patients, au sein d’une officine (Paris), et à ses lecteurs et ses auditeurs dans différents médias.

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) regroupent des affections pouvant toucher à la fois les tissus « mous » (muscles, tendons, nerfs, etc.) et les articulations (renvoi vers l’article TMS). Habituellement, les TMS sont liés aux activités professionnelles, car ces dernières favorisent leur survenue voire les aggravent. En premier lieu, il est primordial de prévenir leur apparition (renvoi vers le sous-chapitre prévention des TMS), mais lorsqu’ils sont installés et douloureux, des traitements pour les soulager peuvent s’avérer nécessaires. De la médication conventionnelle, à la phytothérapie, en passant par la kinésithérapie jusqu’aux thérapies non-conventionnelles, on pourrait s’y perdre lorsque l’on est confronté aux TMS. Passage en revue des différentes options thérapeutiques possibles.

Repos et froid

Si un TMS engendre des douleurs chroniques, le premier réflexe à avoir en fin de journée est l’immobilisation de l’articulation ou du tendon concerné et la cryothérapie (l’application de froid). Après avoir immobilisé la zone endolorie à l’aide d’un bandage ou d’une attelle, l’application de froid sur une articulation, un muscle ou un tendon aura une action antalgique et anti-inflammatoire1. Dépourvue d’effets secondaires, cette technique pourra être utilisée autant que nécessaire, et ce, face à des douleurs chroniques comme aiguës. L’application peut être effectuée avec un spray de froid ou avec une de poche de gel froid. Placés au réfrigérateur, ces derniers auront l’avantage d’être réutilisables et écologiques. Attention, si vous optez pour une poche de glace, il faudra placer un linge humide entre la peau et la poche sans dépasser vingt minutes d’application et en laissant au moins vingt minutes à température ambiante entre deux applications successives2.

Médicaments antalgiques

Qu’ils soient prescrits, conseillés ou issus de l’automédication, le réflexe « antalgique » est presque trop systématique face à une douleur articulaire ou musculo-tendineuse. Bien que les antalgiques habituels, comme le paracétamol, puissent être intéressants pour atténuer une douleur notamment en phase aiguë, ils ne devraient pas être envisagés comme un traitement des TMS sur le long terme. En effet, ils ne soignent pas la cause d’un TMS et n’ont aucune action cicatrisante ou réparatrice. S’ils permettent de rendre plus supportable une douleur à un instant T, utilisés trop fréquemment, ils peuvent aller jusqu’à être faussement rassurant quant à l’amélioration d’un TMS. Pour toutes ces raisons, l’usage d’antalgiques ne doit être pensé que sur une courte durée et en ne dépassant jamais leur posologie maximale. Pris en excès, un antalgique n’agira pas davantage, mais se révélera toxique notamment pour le foie à l’image du paracétamol, une des molécules engendrant le plus d’intoxications médicamenteuses aiguës en France3.

Médicaments anti-inflammatoires.

Les spécialités aux principes actifs anti-inflammatoires (ibuprofène, kétoprofène, etc.) ne devraient être réservées que lorsque la gêne ou la douleur est d’origine inflammatoire, à l’image d’une tendinite par exemple où la gaine protégeant les tendons est inflammée.

Dans les autres cas de TMS, qui sont les plus fréquents, l’usage d’un anti-inflammatoire (AINS) n’apporte aucun bénéfice supplémentaire par rapport au paracétamol sup 4. En raison d’interaction potentielle sur le système immunitaire ainsi que de majoration de l’acidité gastrique, la voie locale (application d’un gel anti-inflammatoire) est à privilégier par rapport à la vois orale, car le gel pourra soulager localement l’inflammation sans pour autant entraîner les effets indésirables des AINS per os*.

Attention, bien que la plupart de ces spécialités puissent être délivrées sans ordonnance, elles ne sont pas dénuées de risques à l’image des allergies ou des réactions de photosensibilité qu’elles peuvent engendrer. Ainsi, les régions traitées par anti-inflammatoire local doivent être impérativement protégées du soleil, pendant toute la durée du traitement et jusqu’à quinze jours après son arrêt. En règle générale et quelle que soit sa forme, avant d’utiliser un anti-inflammatoire, il convient de solliciter l’avis de votre médecin ou votre pharmacien.

*per os : pris par voie orale.

pallier de douleurs

Kinésithérapie

En fonction de la localisation des TMS, votre médecin traitant pourra vous proposer des séances d’activité physique ou de kinésithérapie. La kinésithérapie s’avère très intéressante notamment dans le cadre de pathologies rhumatismales comme l’arthrose.

Séance après séance, la kinésithérapie permettra de lutter contre les raideurs articulaires et les douleurs musculaires en participant au renforcement musculaire 5. Le masseur-kinésithérapeute aura pour rôle de rééduquer la région du corps concernée et de soulager la douleur en pratiquant des massages.

De par leur cursus universitaire, les masseur-kinésithérapeutes ont une formation à l’ergonomie. Ainsi, ils pourront également vous conseiller dans la prévention des TMS en repérant, avec vous, des améliorations à apporter sur le plan ergonomique.

L’électrothérapie

Aussi appelée TENS (NeuroStimulation Électrique Transcutanée), l’électrothérapie est une méthode non-médicamenteuse qui utilise un courant électrique de faible intensité délivré par des patchs collés au niveau des zones concernées. Il s’agit d’une technique utilisée notamment par les médecins rhumatologues ou neurologues et également les masseur-kinésithérapeutes.

La douleur étant un signal nerveux envoyé par des récepteurs de douleur (nocicepteur), en délivrant une impulsion électrique, le patch bloque la transmission des nocicepteurs* vers la moelle épinière et le cerveau6. De plus, cette technique permet également de stimuler la libération d’endorphines, molécules permettant d’aider à soulager la douleur.

Initialement disponibles en cabinet médical, à l’achat ou à la location en pharmacie, les neurostimulateurs se sont récemment miniaturisés, et une version plus petite et nomade est désormais disponible en officine. Attention, les patchs d’électrothérapie ne doivent pas s’utiliser au niveau du cou ou de la nuque.

*Nocicepteur : terminaison nerveuse transmettant des stimulations génératrices de douleur

électrothérapie

Traitement psychosocial des TMS

L’analyse psychologique et sociale fait partie des actions à envisager face aux TMS, car les effets du stress envers les TMS sont multiples. Par exemple, en cas de stress, les tensions musculaires sont accrues et les temps de récupération s’allongent. De plus, le stress amplifie la perception de la douleur rendant les salariés plus sensibles aux facteurs de risque.

Cette analyse psychosociale pourra s’initier avec l’aide de votre médecin traitant, qui évaluera votre niveau global de stress et d'insatisfaction au travail. Selon la situation, il pourra mener à bien ce travail et vous proposer différentes techniques de relaxation (sophrologie, respiration abdominale, etc.) ou encore vous orienter vers un psychologue ou un psychiatre.

Ces derniers pourront vous proposer des techniques plus spécifiques pour mieux analyser votre situation personnelle, mettre le doigt sur les raisons de votre stress et vous apporter une solution personnalisée 7.

Autres techniques ?

Lorsque des douleurs musculaires ou articulaires s’installent, qu’elles soient aiguës ou chroniques, en plus des options thérapeutiques ci-dessus, certains produits de phytothérapie existent pour aider à diminuer ces douleurs (renvoi vers l’article phytothérapie). De plus, d’autres options relevant de la médecine alternative ou douce (acuponcture, ostéopathie, etc.) pourraient s’envisager pour amoindrir les TMS et leurs douleurs (renvoi vers l’article Quelles places ont les médecines douces face aux TMS ?). Pour conclure, la douleur, physique ou psychologique, n’est inhérente à aucune activité professionnelle et, à l’image d’un signal d’alerte, un TMS qui apparaît ou s’installe ne doit pas être négligé.

Sources :

1. Selon le dossier intitulé « Les techniques physiques pour lutter contre la douleur » du Dictionnaire Médical VIDAL. Février 2021. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

2. Selon le dossier intitulé « Présentation des entorses » du Manuel MSD. Décembre 2018. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

3. Selon le Centre Antipoison et de Toxicovigilance de Paris, situé à l’Hôpital Fernand WIDAL. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

4. Selon le dossier intitulé « Bon usage du paracétamol et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : l’ANSM veut renforcer le rôle de conseil du pharmacien » de l’ANSM (L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Octobre 2019. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

5. Selon l’article intitulé « Évaluation des effets du massage sur la rigidité musculaire » de l’Institut de Thérapie Manuelle et de Physiothérapie. Décembre 2018. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

6. Selon la thèse de doctorat en pharmacie intitulée « Place de la neurostimulation électrique transcutanée (TENS) dans la prise en charge de la douleur et implications du pharmacien d’officine » soutenue par Aude Potrel en octobre 2016. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

7. Selon le dossier intitulé « Comprendre les troubles musculo-squelettiques » de l’Assurance Maladie. Novembre 2019. [En ligne]. Consulté le 26.05.2021

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