Prévention, prévention, prévention !..

Anaïs ROLAND-GOSSELIN

Conçu avec

Jean-Michel Chabot, médecin et Professeur de santé publique.

De 2010 à 2017, il a été conseiller médical de la Présidence de la HAS et membre de la Commission nationale des études de santé (CNES). De 2002 à 2004, il avait été conseiller au cabinet du ministre de la Santé Jean-François Mattéi après avoir été secrétaire de la conférence des Doyens de médecine de 1998 à 2002. Actuellement, il poursuit son activité aux comités de rédaction de la Revue du Praticien et du Concours Pluripro.

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Voilà plusieurs années maintenant, que les responsables (et les commentateurs) de notre système de soin, déplorent la faiblesse de la prévention en France.

On peut rappeler d’emblée qu’à l’instar de nos amis britanniques, on distingue trois niveaux de prévention :

  • d’abord la prévention primaire qui consiste à retarder le plus possible et si possible empêcher l’apparition d’une maladie. C’est évidemment la plus « importante » des préventions (et celle qu’il faut privilégier pour l’ensemble de la population, notamment dès l’enfance et l’adolescence et en réalité tout au long de la vie),
     
  • ensuite, la prévention secondaire, qui consiste à traiter et autant que possible à guérir une maladie en évolution qui touche un patient,
     
  • enfin la prévention tertiaire, qui consiste à réduire le plus possible les séquelles d’une maladie qui a touché un patient ; on parle aussi de réhabilitation…

Historiquement, la faiblesse de la prévention en France - au contraire des pays anglo-saxons et scandinaves - s’explique par le développement prioritaire depuis les années 60 à 90 d’une médecine curative et non pas préventive, traduite en particulier par l’excellence de notre médecine de spécialités et nos hôpitaux …

De surcroît, les difficultés à investir dans la prévention peuvent s’expliquer par le fait que les résultats d’une prévention réussie n’apparaissent qu’après des mois ou des années, délai nécessaire pour faire le constat qu’une maladie ne survient, finalement, pas ! … (et tout le monde n’a pas la « patience » d’attendre …)

Une autre difficulté réside dans le fait, persistant, que les conditions ne sont pas toujours réunies pour que les programmes de prévention soient réalisés de la meilleure manière possible.

Justement, une équipe nord-américaine pluridisciplinaire, réunissant médecins, psychologues, psychiatres et spécialistes des relations humaines et sociales a publié une analyse[1] de plusieurs dizaines de programmes de prévention, afin de dégager les caractéristiques associées au succès des programmes.

Ces caractéristiques qui font le succès d’un programme peuvent être présentées en trois catégories distinctes et complémentaires :

  • d’abord le programme lui-même, bien entendu élaboré sur des données scientifiques solides, abordant le sujet sous les divers aspects possibles : point de vue individuel, pour chaque patient lui-même, point de vue populationnel, ou encore social.
    Utiliser des approches pédagogiques diversifiées, le tout mixant des séquences personnalisées à d’autres plus collectives, permet de développer une relation forte entre les individualités et un ou plusieurs membres de l’équipe pédagogique.
     
  • ensuite, et ce point est souvent négligé, délivrer les programmes de prévention au bon moment pour les patients ou les populations concernés ; c’est-à-dire ni trop tôt ni trop tard, en fait à un moment où le bénéfice de la prévention peut être important pour les personnes qui s’y engagent.
     
  • enfin, bien prévoir dans chaque programme et à sa suite immédiate, tout ce qui permet d’en évaluer l’efficacité, en particulier, bien sûr, les effets positifs ressentis par les patients eux-mêmes.

Il faut noter, pour finir, que ces caractéristiques ont été identifiées sur des programmes de prévention dédiés aux risques addictifs, à la délinquance juvénile, aux difficultés de scolarisation et enfin aux troubles du comportement sexuel, incluant le harcèlement. Pour autant, ces caractéristiques sont très vraisemblablement pertinentes pour d’autres thématiques où la prévention devrait être bien davantage mise en œuvre.

 

Source :

[1] What Works in Prevention. Principles of Effective Prevention ProgramsAmerican Psychologist. Maury Nation et al. June/July 2003 Vol. 58, No. 6/7, 449 – 456

 

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